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Ilham Lahreche

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– Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?

On peut me qualifier de communicatrice et de ” droits de l’hommiste, puisque je dirige l’agence marketing “Esprit Marketing et que je suis sensible aux cas des personnes en situation de faiblesse et plus particulièrement des femmes, enfants, démunis et personnes âgées et en situation de handicap. Je fais partie du bureau exécutif de l’association Adala depuis 2015, parce que je crois profondément qu’au Maroc seuls des droits clairement équitables entre toutes les parties justiciables et clairement applicables peuvent changer en mieux la vie des citoyens. sans oublier la protection et les droits des mineurs.

 

– Racontez nous un peu votre parcours

Mon parcours a été une suite de rencontres et de hasards qui m’ont mené vers le journalisme audio Radio RTM chaine Inter et Radio Orient et en même temps à la presse écrite notamment La vie Economique, Maroc Hebdo, Economia. Mais avant cela, j’aspirais à être traductrice et écrire puisque j’ai étudié à l’Institut National des Langues Orientales et j’ai été doctorante en théorie et genre littéraire à la faculté des Lettres de Rabat. J’ai toujours voulu communiquer des idées et des informations et imaginer et créer des univers en mots et en images, en leur conférant un caractère d’universalité. Et c’est cela qui a du être le fil conducteur à la faveur des hasards de chemins professionnels. Puisque les langues sont un pont entre les pays et les cultures et l’information et l’image également.
Toujours à la faveur de ces hasards, j’ai été contactée, à la fin des années 90, pour assurer le rôle d’attachée de presse auprès du ministre des Pêches sous le mandat de feu Thami Khiary. Peu à peu, on m’a demandé de m’occuper de la communication du département des Pêches pour le ministre. Il fallait diffuser ses actions de manière attractive, accessible, à travers d’autres moyens de communication ayant un impact sur la cible par dossier et événement. C’est là où j’ai découvert que j’avais une certaine aptitude et une certaine passion pour le marketing. Car au delà de communiquer il fallait convaincre la cible qu’elle soit un service public, un média ou le consommateur final.

– Et votre vie professionnelle.

Une fois ma mission au ministère finie, je me suis lancée dans l’aventure du privé, tout en collaborant en free lance pour certains médias. Un de mes premiers clients étaient, pour le secteur privé des marques locales à Rabat, et pour le secteur public, des administrations pour des campagnes citoyennes comme le ministère de la Santé, la municipalité de Rabat et la présidence de l’Université Mohammed V, pour présenter et promouvoir tous ses départements, par le biais de publications internes, de films promotionnels, d’affiches… Aujourd’hui, le métier a évolué avec la révolution digitale et l’urgence de s’y adapter pour être présents sur le marché de manière cohérente et originale et avoir un retour sur investissement à travers un mix marketing (traditionnel, digital et publicité).

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– Pourquoi le Marketing ?

C’est, comme je l’ai dit plus haut le genre d’études pour lesquelles j’étais faite et les hasards des rencontres qui ont fait que j’ai communiqué et créé à travers ce canal du marketing qui a ce côté que j’aime tant : l’esthétique dans la manière de présenter un produit ou un service ou une action. Après la parenthèse de responsable de la communication auprès du Ministre des pêches, je me suis remise à faire des piges pour la presse écrite et audiovisuelle. Peu à peu, les reportages ne m’étaient plus proposés; mon rôle de jeune maman d’alors ne me laissait pas beaucoup de mobilité, le marketing a pris le pas ; je pouvais créer de chez moi.

 

– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?

Mon conseil est de faire ce qui vous aimez et qui vous donne à la fois une autonomie financière assez suffisante pour pouvoir en vivre selon vos standards et vos choix. Croire en vous est primordial. Si on ne peut se réaliser dans notre vie professionnelle, il faut trouver une activité qui nous permet de nous détendre pour pouvoir continuer et assumer les contraintes du quotidien et de retrouver le rêve de la jeune personne en nous qui était si remplie de projets et qui y croyait avec toute la conviction dont est capable la jeunesse. Secundo, soyez toujours alerte par rapport à vos droits (les devoirs, cela va sans dire) : ayez un engagement associatif; car quand il y a une crise économique les femmes sont les premières à en pâtir, au même titre que toutes celles en situation de précarité sociale.

 

– Quels sont vos projets d’avenir ?

Aujourd’hui”hui encore plus qu’hier, on ne peut communiquer sans la dimension digitale. Il y a deux ans j’avais imaginé et conçu un concours digital et national que j’avais nommé “lbali yrje3 ghali “ ( et décliné en “old is gold” ou “quand le vieux devient précieux”) sur le recyclage des déchets. Cela a été un succès et l’Union européenne nous avait même ouvert les portes du pavillon bleu de la Cop 22 . Aujourd’hui j’aimerai relancer ce concours et lui donner une dimension africaine, que je voulais au départ mais il fallait tester la viabilité de ce nouveau projet. Je l’imagine comme un concours entre le Maroc avec chaque année un pays différent de notre continent. C’est dans la diversité des horizons et d’opinions et d’idées que la créativité peut devenir le vivier des solutions . Vous pouvez avoir un aperçu de ce qu’a été ce concours en cliquant ici https://www.espritmarketing.ma/concours-de-recyclage/

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– Quel est votre avis sur la situation des femmes au Maroc ?

Mon avis est que tant que dans la pratique la femme n’est pas l’égale en droits de l’homme sa situation est peu enviable car elle doit sans cesse se battre pour préserver son intégrité mentale et ses petits acquis: c’est un secret de polichinelle que la différence des salaires pour le même emploi, c’est secret de polichinelle que la faible représentativité des femmes dans l’exécutif ou les structures décisionnelles des grands organismes étatiques ou semi-publics et ce ne sont pas les quotas qui, illustrent plus la discrimination positive, qui vont changer la réalité du terrain.
Par ailleurs, concernant les lois qui s’appuient sur la charia, tant que la lecture du Coran dans des sujets aussi pratiques que, par exemple, l’héritage reste confinée à un verset et non pas à un autre sous prétexte de chronologie comme si le Coran sur lequel s’appuie la moudawana, à coté du droit positif, pour légiférer nos vies de marocains musulmans, était temporel et tout d’un coup se transformait dans la pratique en un Coran désacralisé à 59 ou 56 ou 52 versets selon les cas à monnayer. Et par rapport à l’héritage, tous les contextes y sont développés pour peu que dans un pays religieux de par sa Constitution, on respecte la parole divine dans son ensemble. Coran 2, 240 – Coran2 ; 180-182, Coran 4, 11-12; Coran4, 4, 7-8
Bref la lecture des théologiens sur lesquels notre moudawana se base sont des non sens du point de vue de la sacralité du livre saint, des non sens du point de vue de la vie tout simplement, vu que personne ne peut établir de manère sensée et logique, la supériorité d’un sexe sur l’autre et la prééminence du droit de l’un sur l’autre.
Un petit exemple qui illustre les conséquences néfastes de ces lectures rétrogrades et en désaccord avec la lettre du Coran et avec la vie moderne : une femme divorcée qui a pour enfant une fille mineure ne peut ouvrir un compte bancaire ou ne peut acheter un bien en toute confidentialité au nom de ladite fille que si le père signe en tant que tuteur légal quel que soit le non rôle de père dans la vie de l’enfant. Bien sur il vaut mieux chez le notaire penser à mettre une clause qui interdirait au père de vendre le bien tant que la fille est mineure en cas de décès de la maman qui ne peut plus administrer ce bien, tout en gardant l’usufruit; jusqu’à la majorité de l’enfant.
Comment voulez vous à la lumière de ces petits exemples qui constitue dans d’autres pays des événements banals et sans anicroche que je vois la situation de la femme marocaine? Justiciable, redevable de taxes et d’impôts au même titre que l’homme mais inférieur de par la loi et incapable de proteger sa ou ses filles ni la confidentialité d’actes privés, quand bien même elle y travaillerait à la sueur de son front
Par contre si les droits étaient pareils que ceux de l’homme ici j’aurais pu vous répondre sur ma vision du citoyen lambda marocain sans distinction de sexe.

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– Votre avis sur le portail lamarocaine.com ?

Je viens de découvrir votre journal web et je le trouve très bien fait avec des rubriques très intéressantes et très diverses qu’elles soient informatives ou de divertissement

 

– Dernier mot

Merci. Merci d’offrir une tribune aux femmes pour qu’elles expriment leur être, leurs expériences, leurs choix, tout simplement. Si leurs vécus ou opinions peuvent donner des idées, du souffle ou de la motivation pour tous sans distinction, c’est que le processus de l’information à la transmission, inhérent à la fonction d’un média, est réussi.

 

Interview réalisé par : Aziz HARCHA
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