Interviews

Nada SOUDI

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– Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?

Nada SOUDI, 35 ans, Professeure Chercheure à l’ISCAE. Mes domaines de compétences sont « Le Management de l’innovation », « Le Marketing digital », « La Responsabilité Sociétale des Entreprises » et « L’Entrepreneuriat ».

– Racontez-nous un peu votre parcours

En 2004, après un diplôme en Finance à l’ENCG de Settat, je passe une batterie d’entretiens chez Procter & Gamble qui me retiennent, mais en Marketing. La raison toute simple, c’est qu’ils avaient besoin d’un marketeur avec un référentiel financier pour avoir cette double casquette et pouvoir faire des business case, des post-évaluations de campagnes et optimiser les investissements publicitaires. Depuis, cette branche m’a séduite et je n’en suis plus jamais ressortie.

J’ai passé 2 années chez P&G, à l’issu desquelles, j’ai travaillé pour le compte Nokia en 2006, le temps où ce constructeur était le N°1 mondial et personne ne présageait son évincement du monde de la téléphonie mobile.

Après 1 année, j’ai eu une proposition au sein de Méditel en 2007, pour un poste des plus originaux : le lancement d’un internet qui circulait dans l’air, la 3G ! Une innovation dans le temps des plus euphoriques et peu explicite pour les usagers. Ils n’en revenaient pas que la connexion internet pouvait être mobile puisque l’ADSL détenait le monopole écrasant.

En parallèle, je n’ai jamais arrêté d’étudier, j’avais préparé un DESS en « Ingénierie Marketing » justement pour légitimer ma carrière professionnelle et enchaîné avec un doctorat en « Stratégies d’innovation dans le domaine des télécoms » que j’ai réussi à soutenir en 2016.

La décision fut rude ou du moins audacieuse, pour me convertir au bout de 12 années de multinationales au monde académique. La même année, j’ai eu la chance de réussir mon concours à l’ISCAE et je me suis trouvé dans une autre dimension. Le choix n’était pas fortuit. L’enseignement est pour moi une consécration puisque je marchais dans les coulisses de l’entreprise et je me disais qu’un jour je raconterai à mes étudiants toutes les expériences vécues réellement dans lesquelles j’ai pu même être actrice du changement. De plus, ma posture déterminée était appuyée par des vacations que je donnais dans différents établissements supérieurs et qui m’ont permis de jaugé le poids de ma décision et d’en être convaincue.

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– Et votre vie professionnelle.

Aujourd’hui, ma contribution est certes et avant tout dans la formation initiale, mais je me découvre dans un domaine nouveau ou du moins imprévisible, la formation continue pour les entreprises. J’ai donné des séminaires à des entités de renommée : la DGI, la CNSS, l’ADM, la RAM, B2S, Maroc PME… Je pense que ma proximité avec le monde professionnel me permet d’adopter le même langage pour mieux interagir. Les messages passent plus aisément puisque j’ai déjà vécu leur quotidien tout simplement.

Un autre domaine qui m’intrigue « La recherche scientifique », mon projet phare de recherche, c’est la création de passerelles entre le monde professionnel et le monde académique et de travailler sur des recherches qui s’apprêtent à l’application et qui ont un impact direct sur le monde entrepreneurial. J’ai été dans des colloques nationaux et internationaux, notamment à Oxford Brookes university, à l’INSEEC de Lyon,… pour présenter mes articles. Cette fierté me donne de l’élan que j’espère pouvoir conserver pour donner le meilleur de moi-même.

De plus, mes convictions personnelles, c’est que l’entreprise ne doit pas seulement être un acteur économique qui cherche le profit à tout prix, mais aussi un acteur social et sociétal qui s’implique dans l’amélioration de la vie des citoyens. Ainsi, j’ai été en 2017 membre fondatrice de l’ORSEM « l’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des entreprises Marocaines ».

– Pourquoi choisir l’enseignement?

Ma raison première et qui n’est pas la seule, ce sont mes enfants. Il est très difficile pour la femme qui travaille, surtout dans les multinationales, de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Les concessions sont de mise et à un moment des choix s’imposent.
Aussi, j’aime enseigner, le fait de transmettre le savoir, de prendre par la main des étudiants et de leur faire découvrir des horizons inconnus m’intrigue et constitue pour moi, une grande satisfaction et récompense.
Aussi, dans le cadre de mon cours « Entrepreneuriat », j’essaie de semer dans ces jeunes le désir et l’ambition de réaliser leurs propres projets, je pense que le « salariat » est un modèle qui s’essouffle et ne peut à lui seul être garant de tous les emplois pour ces jeunes diplômés, tout en sachant que le digital peut être d’un grand secours.

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– Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Les embûches existent sur toutes les routes, mais le plus important c’est de garder son optimisme et de ne pas baisser les bras. Aussi, la recherche scientifique au Maroc n’est pas très valorisée, les budgets sont très restreints, mais il faut se convaincre que le savoir a une portée hédoniste.

– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?

Je n’estime pas être une femme qui a particulièrement réussi, dans la mesure où chaque femme trouve un domaine où elle excelle. Je peux vous dire que pour moi le challenge actuel pour la femme, c’est de trouver un équilibre et une sérénité et cela indépendamment du métier qu’elle exerce ou qu’elle n’exerce pas. J’ai beaucoup d’estime pour toutes les femmes qui donnent la meilleure éducation pour leurs enfants parce que pour moi, c’est la sous-bassement de la réussite de tout un peuple.

– Quels sont vos projets à venir ?

Continuer à faire de la recherche scientifique et pourquoi pas ressortir avec des modèles et des théories ayant des impacts économiques, sociaux ou sociétaux. Aussi, je suis encours de finalisation d’un ouvrage s’intitulant « La management de l’innovation ».

– Que pensez-vous de la situation de la femme au Maroc ?

En amélioration, mais le chemin est encore long. Je partage avec vous un petit constat au sein de l’ISACE, les promotions de la formation initiale sont constituées majoritairement de filles, qui arrivent à avoir d’excellents résultats et se démarquer lors des concours. Pour les masters en formation continue, la tendance est inversée, ce sont majoritairement des hommes qui arrivent à continuer leurs études.

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– Votre avis sur le site ?

Très bonne initiative, je vous remercie et vous souhaite une très bonne continuation.

– Dernier mot

Amartya Sen, économiste indou et prix Nobel d’économie en 1998, avait attesté que « L’économie n’a pas uniquement pour but de générer des revenus, mais aussi de les utiliser à bon escient en vue d’améliorer notre niveau de vie et nos libertés. »

Interview réalisé par Aziz HARCHA
Juin 2016

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