Dalila El Jaouadi
– Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter, nous raconter votre parcours et vos activités
Je m’appelle Dalila El Jaouadi, j’ai 53 ans , je suis mère de 3 enfants.
Après mon baccalauréat et des études de droit pas très concluantes, j’ai travaillé comme secrétaire dans différents domaines d’activité.
Je me suis mariée, mon désir d’enfant et une période de chômage longue durée m’ont offert une bulle de 10 années, période durant laquelle, j’ai construit ma famille et élevé mes 3 enfants. C’est à ce moment là que je me suis engagée au niveau associatif.
J’aime à dire que dès que mon ainé à mis un pied en maternelle, moi j’ai mis les deux. J’ai été parent d’élèves pendant plus de 25 ans. J’ai participé à tous les conseils de classe de mes enfants mais aussi aux conseils d’administration, aux différentes commissions.
Je n’ai jamais ménagé ni mes heures, ni mon temps pour défendre l’intérêt des enfants, de tous les enfants depuis la maternelle jusqu’au lycée.
En parallèle, j’ai construit mon retour à la vie professionnelle qui a été rude et difficile, j’ai cumulé les heures et les « petits boulots » avant de passer des concours administratifs, et je suis aujourd’hui cadre dans une collectivité.
Je suis engagée dans le milieu associatif sur plusieurs thématiques : comité feux , jardins partagés, défense du service public, Association de malades AFPRIC.
Je poursuis cette année une formation universitaire pour obtenir un DU de patient-expert.
– Et votre vie professionnelle
Je suis fonctionnaire territorial et je travaille dans des quartiers dits « prioritaires » sur du développement de projet pour améliorer les conditions de vie des habitants en matière de cadre de vie, parentalité, enfance, jeunesse mais aussi insertion et lutte contre le décrochage scolaire.
– Et pourquoi ce secteur d’activité
Ce secteur d’activité était pour moi une évidence car j’ai grandi dans un quartier populaire, je m’efforce chaque jour d’être utile.
– Quels sont vos projets à venir ?
Après mon DU, je souhaite mettre en place des ateliers d’éducation thérapeutique en direction des femmes des quartiers populaires.
– Quels sont les moments ou événements qui ont changé votre vie
J’ai vécu des traumatismes qui m’ont construite, mais la maternité est l’événement majeur qui a bouleversé ma vie, je suis une maman louve et je l’assume totalement.
La maladie a aussi une part importante dans ma vie, atteinte d’une maladie chronique, je me bats au quotidien pour défendre le droit des malades.
– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?
Mon conseil pour les femmes, ce serait plutôt un mot que j’ai redécouvert : « SORORITE », « aider vous les unes les autres », il ne peut en être autrement, nous sommes toutes sœurs, nous devons nous soutenir, nous épauler, nous soulager et nous aimer;
– Votre avis sur la situation de la femme
Je suis une femme et je suis la sœur de toutes les femmes, Les femmes sont toujours en première ligne, elles sont de tous les combats et notamment dans les quartiers populaires. Ce sont elles qui se battent pour la scolarité de leurs enfants, ce sont elles qui portent leur famille à bout de bras, ce sont elles qui cuisinent le monde. Pourtant ce sont elles les plus fragiles, les plus précaires, les plus discriminées, les plus stigmatisées.
J’ai une profonde admiration pour ma mère, ma grand-mère, mes tantes, ces femmes venues d’ailleurs , tatouées sur le visage , ces femmes « chaouies » venues de Khenchela pour suivre leur mari et construire une vie meilleure en France.
Je les connais, je les aime et elles m’inspirent, elles sont puissantes , ces survivantes, ces guerrières qui ont connu l’exil et la « hogra » dans un pays qui ne les attendait pas.
– Votre avis sur le site ?
Je découvre le site et je trouve qu’il est pertinent de valoriser la moitié de l’humanité, les femmes.
– Un dernier mot ?
» SORORITE «
Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Avril 2022