Interviews

Ghizlane Mathiau

Entrepreneure et journaliste

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Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?

Je suis Ghizlane Mathiau, CEO de DoubleBang Company, une start-up que j’ai fondée avec mon époux Franck. Nous faisons de la création de contenus multimédias pour des partenaires médias et des entreprises. J’ai aussi deux autres casquettes : rédactrice en chef de Radio Factory, nous faisons de la radio d’entreprise, et journaliste pour Diaspora. A la rentrée, j’aurais deux casquettes de plus. Mais je ne peux pas en parler pour le moment.

 

Racontez-nous un peu votre parcours

J’ai eu un parcours riche et semé d’embûches. Mais je me suis toujours relevée plus forte. Après avoir eu un baccalauréat mathématique, je voulais faire de la philosophie à la Sorbonne. Le Maroc patriarcale étant ce qu’il est, on m’a dirigée vers des classes prépas à Amiens dans le Nord de la France en internat. L’année d’après, j’ai poursuivi en IUT techniques de commercialisation. Je n’étais pas emballée par ces études, même si j’ai réussi à obtenir de très bonnes notes. Je suis rentrée au Maroc ensuite. On m’a inscrite à Cervantes dans l’objectif que je fasse médecine en Espagne.

A la rentrée en 2003, on m’a vanté les mérites de devenir ingénieur. J’ai accepté cette voie et je me suis inscrite à l’IGA Maarif où j’ai collectionné les 20/20, les 15/20, les 16/20 au premier semestre. A la fin de la première année, je voulais arrêter ça. Parce que je m’ennuyais en classe et le deuxième semestre avait été compliqué. Je n’aimais plus aller en cours. J’ai commencé à faire des petits jobs. J’avais 20 ans. En 2005, j’ai repris des études à l’ESIAC. J’avais pour but de finir analyste marketing. J’avais choisi cette école parce qu’elle était à 200 mètres de chez moi. Quelques bonnes notes plus tard, j’ai réussi mon année. Mais une femme que je ne nommerais m’a martelée quand je lui ai sorti mon devoir surveillé en économie générale  avec 19,75/20, qu’à mon âge, je devais gagner ma vie et me marier. Je me suis mariée. Et je n’ai pas fait la deuxième année. Après c’était une succession de coups de chance. En fait, j’ai frappé à des portes.

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Actuellement, j’ai un mastère en journalisme, un diplôme de scénariste d’une école Québécoise, agréé par le ministère de l’Emploi Québécois et un bachelor en audio-enginneering et broadcasting de la FEDE. Et ça fait 11 ans que je suis journaliste.  A partir de septembre, je suivrai un executive MBA en Management stratégique et Intelligence Economique à l’Ecole de Guerre Economique de Paris-Campus Rabat.

Et votre vie professionnelle  ?

J’ai commencé en tant que chef de pub pour une régie pub qui travaillait pour le Nouvel Obs, magazine de gauche français. J’ai vendu de l’espace pub. Je faisais un chiffre d’affaires de 10000 euros ou plus par mois. Puis je suis devenue pigiste. J’ai écrit pour des dossiers qui étaient encartés dans le magazine en régions. En 2013, j’étais embauché par Géraldine Dulat, rédactrice en chef d’Ilionweb, le site web du magazine ILLI. J’étais chargée des rubriques culture et société. J’ai gardé de bons souvenirs de rencontres avec Nabila Maan, Hassan El Fad, Ahmed Soultan, Saad Lamjarred et tant d’autres. Je me suis occupée aussi de la rubrique sexo avec quelques articles amusants qui avaient eu franc succès. Ensuite Le360, Challenge. En 2016, j’étais dans l’équipe de Samira Sitail  avec l’équipe communication de la COP22. J’ai enchainé par la suite en écrivant pour VH Magazine. Pendant deux saisons, j’ai produit avec mon époux une émission dédiée à ce qu’on appelle les HPI, les hauts potentiels, qu’on avait appelée Studio Zèbres. L’émission sur les deux saisons a capitalisé 500000 vues au total.

 

Quels sont les évènements qui ont changé votre vie ?

Je ne pourrais pas tous les citer. J’ai plusieurs manuscrits qui sommeillent sur mon PC ou sur des cahiers à ce sujet. Écrire a toujours été une nécessité. Pour moi, j’en ai besoin, c’est vital. Il y a cette envie qui me prend dans les tripes depuis toute petite quand je ressens le besoin d’écrire. Ce qui a changé ma vie, je dirais, une série de rencontres qui commence par Mme Françoise Benjelloun à l’institution Lalla Amina à Californie où j’étais interne 4 ans. Puis Géraldine Dulat, Guillaume Jobin, président de l’ESJ Paris qui lisait mes manuscrits et m’apportait des conseils et qui a cru en moi, en me faisant comprendre qu’il fallait que j’écrive pour le monde et non pas pour le Maroc. La rencontre en 2015 avec mon époux Franck Mathiau a définitivement changé ma vie. Parce que je suis passée d’un être solitaire à un être comblé d’amour. Pour finir deux événements ont changé ma vie pour de bon, à tout jamais : la naissance de ma fille Gena, et celle de mon fils Adam que j’adore et qui ont fini par faire de ma vie, un pur bonheur.

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Quels sont vos projets à venir ?

 

Je compte conquérir l’Espace. Je plaisante (rires). Je vois les choses en grand “Dream Big”. Avec notre boîte DoubleBang Company, nous allons produire du contenu multimédia pour nos partenaires. Avec mon époux, nous comptons lever des fonds d’ici la fin de l’année. Parce qu’il y a tellement de bonnes idées sur la table et je continuerai à faire ce que j’ai toujours fait avec courage, taper à des portes (sens figuré bien sûr), pour des partenariats win-win.

 

Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?

 

Il n’y a aucune chance, aucun destin, aucun sort qui peuvent nuire à la ferme résolution d’une âme déterminée. Si vous n’êtes pas assez courageux, personne ne le sera à votre place. Les gens pleurent, non pas parce qu’ils sont faibles. Mais parce qu’ils ont été fort trop longtemps. Il ne s’agit pas de qui vous êtes, c’est ce que vous faites qui vous définit. Croyez en vous. Faites vos propres choix. Soyez forte.

 

Que pensez-vous de la situation de la femme au Maroc ?

J’ai envie de dire, “l’heure est grave”. J’en suis là à me dire que j’aurais préféré être un homme. Je crois que les choses auraient été différentes si j’avais été un homme. Vous connaissez la chanson Ah si j’étais un homme de Diane Tell ?

La femme est constamment harcelée dans l’espace public, familial et dans l’entreprise. Même si des progrès ont été faits. Elle n’a pas le droit au même salaire qu’un homme, même si elle a plus de compétences parfois que certains hommes. Et puis les pédophiles qui font 2 ou 3 mois prison, franchement, c’est absurde. Ils devraient être condamnés à perpétuité. Ou castrés.

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La femme doit être responsable d’elle-même, ce n’est pas son père ou son mari qui devraient décider pour elle. La femme est un être adulte, libre, capable de raisonner et parfois mieux qu’un homme.

Mon époux est français. Je suis marocaine. Je n’ai pas droit au livret de famille marocain. Parce que je suis une femme.

Votre avis sur le site ?

Bravo pour cette initiative. Beau projet.

Dernier mot ?

Je veux finir avec une chanson Magic de Kylie Minogue. Mesdames, mesdemoiselles, dites vous que la vie est magique et croyez en vous.

Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Juillet 2021

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