Lorsque l’on parle de perversion narcissique, ce sont surtout des femmes victimes d’hommes qui témoignent, comme Marie Murski, qui a publié une tribune sur Le Plus. Mais on compte bien sûr également des femmes, sans doute aussi nombreuses que les hommes, parmi les auteurs de harcèlement moral. Vincent P. a été victime d’une perverse narcissique. Il raconte.
Tout avait pourtant bien commencé. On s’entendait bien, elle avait le même point de vue que moi sur de nombreux sujets et on avait les mêmes projets. C’était une belle femme, qui inspirait confiance à tout le monde et on me félicitait d’avoir rencontré cette charmante personne.
Elle m’a demandé de m’installer chez elle au bout de six mois. Peu après, elle m’a proposé d’acheter une maison ensemble. Tout cela me semblait un peu rapide, mais elle savait se montrer convaincante, alors j’ai accepté. Nous avons trouvé la maison quelques mois plus tard. C’était une grande et belle maison dans un beau quartier. Tout était prêt pour que nos projets se concrétisent. Cela semblait presque trop beau et la suite m’a montré que ça l’était…
Elle montrait plus d’égard envers son chien
Le jour du déménagement est arrivé et j’ai tout de suite remarqué une attitude agressive envers moi. Je me disais que c’était sans doute le stress de l’arrivée dans la maison.
Cependant, mes amis et ma famille ont également trouvé son comportement choquant avec ses remarques blessantes à mon égard et sa façon de me parler comme à un chien.
En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai, elle montrait beaucoup plus d’égard envers son chien…
Cette journée a été pleine d’enseignements. Ce jour-là, le masque est tombé, la véritable personnalité est apparue : sombre, froide.
Ma belle-mère a expliqué pendant le déménagement que mon beau-père se pliait à tous les caprices de sa fille et sans délai depuis qu’elle est née. Personne ne lui avait jamais dit non. Ma mère s’est aperçue également que mes beaux-parents avaient peur de leur fille.
Elle m’empêchait de dormir
La vie avec ma compagne n’a ensuite été faite que de rapports de force, un harcèlement continu, une attaque permanente et une usure de mes défenses.
Au début, j’ai essayé de parler de ce qui se passait autour de moi, mais tout le monde minimisait ce qui se passait, ne sachant sans doute pas que de telles personnes existaient, tout comme moi. J’étais seul face au problème.
Je travaillais la nuit et elle m’empêchait de dormir, estimant que j’avais trop dormi, ou me parlait sciemment de sujets polémiques, ce qui m’énervait avant de me coucher et m’empêchait de dormir. Je ne dormais bientôt plus que quatre heures par jour maximum et faisais souvent des « nuits blanches ».
Ce traitement m’épuisait. Mon entourage commençait à me demander si j’étais malade, car j’ai perdu rapidement du poids : sept kilos en sept mois, depuis le jour du déménagement. Ma mère a eu peur de me voir dans cet état et disais que j’étais comme un « zombie », terme que je n’avais jamais entendu dans sa bouche.
Elle cherchait à me posséder, comme un esclave
Je n’attendais plus qu’une chose : terminer les travaux dans la maison avant de partir et la vendre.
Évidemment, rien de ce que je faisais ou disais n’était bien, elle cherchait toujours à me rabaisser, y compris en public. Elle était incapable d’admettre ses erreurs, se croyant supérieure à n’importe qui. Faire des excuses lui était impensable. Elle a cherché à m’isoler de ma famille, de mes amis et de mes collègues, ne les estimant pas dignes d’elle. Elle recherchait des relations « haut de gamme » avec des notables et des gens très aisés financièrement. Ma vieille voiture n’était pas non plus à son goût.
Elle cherchait à me posséder, comme un esclave. Elle voulait que je fasse tout dans la maison. Comme à chaque fois, je rejetais ses ordres, ce qui provoquait sa colère.
Lorsqu’elle voulait obtenir quelque chose, elle savait se montrer à nouveau charmante et aimable. Mais ce n’était qu’une façade et entrait de nouveau en furie quand je refusais. Elle avait alors un regard noir, plein de haine envers moi.
Un jour, elle a cherché à m’enfermer dans ma chambre. Une autre fois, elle a exigé de voir mes fiches de paye tous les mois, car elle voulait mon argent. Je refusais d’accéder à ses demandes, mais cela était de plus en plus difficile, car psychologiquement et physiquement, j’étais de plus en plus à bout de forces. Elle avait également une discussion qui passait du coq à l’âne, ajoutant à la confusion.
Elle se posait toujours en victime, voulant me culpabiliser de son humeur.
Je pense qu’elle était capable de tout
Un jour, une amie m’a dit que ma compagne était une perverse. Je me suis renseigné sur internet et j’ai compris que j’étais victime d’une perverse narcissique. Un test en ligne de sa personnalité, que j’ai trouvé sur un site internet spécialisé, m’a expliqué qu’elle était une poupée maléfique, très dangereuse, sans état d’âme.
Cela fait froid dans le dos, mais cela correspondait à ce que je vivais. Je pense qu’elle était capable de tout.
Un jour, alors que je terminais la rénovation de la façade de la maison, elle est rentrée de son travail et m’a reproché de ne pas avoir lavé les carreaux, comme elle me l’avait dit. Plusieurs disputes ont éclaté dans la soirée. J’ai fini par lui demander si elle était consciente de ce qu’elle me faisait subir. Elle m’a répondu calmement, froidement :
« Et encore, tu n’as rien vu. Tu n’as rien vu. »
Je suis parti avant qu’il ne soit trop tard
C’est à ce moment que je suis parti, après avoir préparé mon départ. Elle a essayé de me retenir en me déclinant tout son panel d’actrice : chantage au suicide, « on oublie tout », la colère, les lames de crocodiles séchées aussitôt, etc.
Je suis parti sept mois après le déménagement.
J’ai réussi à m’en aller malgré ses tentatives de m’en empêcher. Mon départ préparé a été une surprise pour elle et cela m’a aidé, même si cela a été très éprouvant.
Quand j’ai démarré la voiture, j’ai poussé un grand ouf ! J’ai senti comme un énorme poids en moins. C’était la libération et le début de ma reconstruction, car on ne sort pas indemne de ce type de relation.
Aujourd’hui, cela fait deux ans que c’est terminé. Je suis bien mieux dans ma peau, mais je n’ai toujours pas refait ma vie avec quelqu’un d’autre. Je suis devenu méfiant et je ne suis pas sûr d’avoir envie de rencontrer une autre personne.
Par Vincent P.
Victime d’une femme perverse narcissique