Najat Vallaud-Belkacem
– Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au Maire de Lyon en charge des grands événements, de la vie associative et de la jeunesse ainsi que conseillère générale du Rhône élue dans la circonscription de Montchat. Par ailleurs je suis également Secrétaire Nationale du Parti Socialiste chargée des questions de société, où je travaille actuellement sur les questions relatives à la révision des lois bioéthiques, et je donne depuis peu un cours d’ouverture à l’IEP de Paris sur la prospective en politique.
– Racontez-nous un peu votre parcours
Mon parcours ressemble finalement à celui de nombreuses jeunes femmes de ma génération qui ont fait le choix des études pour exercer pleinement un métier, être autonome et accéder à assez de responsabilités pour espérer changer la société, la rendre plus juste, plus solidaire, plus heureuse.
Je suis née au Maroc dans un milieu rural et j’ai grandi dans la banlieue d’Amiens, j’ai ensuite fait des études de droit, de avant de rejoindre Paris pour travailler et achever mes études à l’Institut d’études politiques.
Mon engagement politique n’a pas été une évidence même si je me suis toujours reconnue dans les valeurs de gauche : j’étais avant tout active dans le milieu associatif. C’est plus tard que j’ai rencontré Gérard Collomb, le maire de Lyon, qui m’a proposé de le rejoindre pour travailler à ses côtés. J’ai commencé à militer au Parti Socialiste, puis les choses se sont enchaînées : j’ai été élu un peu par surprise en 2004 aux côtés de Jean-Jack Queyranne au Conseil Régional Rhône-Alpes, je me suis ensuite présentée à la Députation, puis j’ai soutenu et accompagné Ségolène Royal pendant la campagne Présidentielle avant d’être élue à la Ville et au Département.
– Comment ça se passe votre journée de travail en tant que conseillère municipale
Contrairement à ce qui en ressort dans les médias, je passe la quasi-totalité de mon temps à Lyon pour mon travail d’élue locale. Je suis très présente à mon bureau de l’Hôtel de Ville pour étudier les dossiers, animer des réunions avec les élus ou l’administration, rendre des arbitrages, donner à comprendre et à partager les décisions. Je fais aussi beaucoup de visites dans les quartiers pour rencontrer les associations, ou assister aux événements qu’elles organisent. C’est un engagement de proximité qui demande beaucoup d’investissement, ce sont aussi des dossiers lourds qui engagent très concrètement la vie des gens au quotidien. Mes mandats sont passionnants à exercer : je regrette parfois simplement que tout ce travail fait par les élus locaux au quotidien soit si mal connu, et pèse finalement si peu dans l’opinion face au poids de telle ou telle petite phrase parfaitement inutile.
– Chargée des grands événements, jeunesse et vie associative, concrètement ça donne quoi ?
C’est une délégation très riche et passionnante ! Cela permet justement de rester en contact avec les Lyonnais : travailler avec les associations, monter des projets avec les jeunes générations, permettre aux associations de concrétiser un événement… en somme rencontrer une grande diversité de personnes avec beaucoup de nouvelles idées à proposer pour faire de Lyon cette grande ville si dynamique et vivante. Je m’occupe notamment des 12 MJC et 16 Centres Sociaux de Lyon, des Maisons de Quartier, mais aussi de tous les événements festifs, culturels, sportifs ou citoyens qui se tiennent sur l’espace public pour créer des moments de rencontre, de partage et de « vivre ensemble ». Il y a tant d’exemples… Je vous donne le plus connu pour son rayonnement national et international : cette année la Fête des Lumières à Lyon a remporté le Prix de l’événement exceptionnel de l’année… avant des grandes villes comme Dubaï ! Ce Prix a été à la fois une grande satisfaction et le témoignage que cet événement continue de progresser. Il faut toujours savoir se renouveler : le dialogue permanent avec la jeunesse est en cela une chance, sur tous les sujets.
– Quels sont vos projets d’avenir ?
Ce n’est pas tellement dans ma façon de faire que d’établir un plan de carrière à l’avance… Je veux d’abord réussir ce que j’ai entrepris : c’est ma responsabilité première devant ceux qui m’ont fait confiance. Pour le reste, franchement, j’aimerais trouver le temps de voir mes enfants grandir. Ça, je sais que c’est maintenant, ou jamais.
– Rentrer définitivement au pays est-il envisageable un jour ?
On ne sait jamais ce que nous prépare la vie ! Mais pour l’instant, c’est vrai, ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Cela dit j’y retourne toujours avec énormément de plaisir et d’émotion… et, plus sérieusement, j’essaie de m’investir au sein de la communauté des Marocains de l’étranger pour contribuer, à ma mesure, à son développement.
– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?
Je leur conseille d’acquérir leur indépendance, non seulement financière mais aussi intellectuelle, par l’école, les études, la lecture, la curiosité pour la culture et aussi pour le débat public… de ne jamais s’interdire de donner leur avis ! La connaissance est la première des libertés. Après il faut des politiques éducatives et culturelles qui puissent permettre cet épanouissement individuel. C’est hélas la dépense qui est bien trop souvent supprimée en première…
– Que pensez-vous de la situation de la femme au Maroc ?
La situation semble progresser et c’est bon signe, notamment avec le nouveau code de la famille, mais il reste tant à faire ! Ségolène Royal était invitée au Maroc pour parler du rapport des femmes au pouvoir (surtout politique) : je vous invite à lire son intervention (comme souvent presque invisible dans les medias français), elle est très intéressante. Beaucoup de travail reste encore à accomplir comme dans beaucoup d’autres parties du monde, y compris la France qui est loin d’être exemplaire !
– Votre avis sur le site ?
Je le découvre ! Mais j’apprécie beaucoup son ouverture d’esprit : je vous souhaite beaucoup de succès.
– Dernier mot
Je suis très touchée, et vous remercie beaucoup d’avoir pensé à moi pour votre site ! J’espère qu’il deviendra une référence pour les femmes de progrès et d’avenir au Maroc.