Sara OULED LAGHZAL
Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?
Sara OULED LAGHZAL, une manager cheffe département dans une multinationale automobile, écrivaine de deux ouvrages, originaire de la vieille médina de Salé.
Audacieuse, courageuse avec beaucoup de volonté. Le succès pour moi commence par la croyance, croire en soi et croire en ce que nous envisageons. Le hasard n’a quasiment pas de chance devant l’investissement inconditionnel dans les projets qui nous représentent et qui nous accomplissent.
Je n’adhère pas à la demi-solution, la demi-satisfaction ou la demi-émotion, pourtant je crois à la progression et aux chuts constructifs suivis par les bons élans.
Ma famille est ma première école, c’est là où j’ai appris la responsabilité, l’originalité et le caractère.
J’avais la chance d’avoir fréquenté la maison de jeunes qui était tout près de chez moi, les activités culturelles et les colonies de vacances m´ont permis de me découvrir dans les activités associatives, sociales et artistiques.
Racontez-nous un peu votre parcours et votre vie professionnelle ?
Après avoir eu ma licence en ingénierie mécanique comme majore de ma promotion, j’ai intégré le cycle d’ingénieur pour devenir une ingénieure d’État en génie industriel. Une expérience de 7 ans dans le secteur automobile entre Kenitra et Tanger interrompue par des missions à l’international a cristallisé mes acquis et mon savoir-faire technique et managérial.
Comment est née cette passion pour la littérature ?
Tout a commencé tôt, je me rappelle que j’étais amoureuse des contes depuis l’enfance, je pouvais carrément lire le même plusieurs fois et savourer à chaque fois la beauté de l’histoire autrement. Au lycée j’écrivais des textes pour des petites pièces de théâtre scolaire, de la poésie aussi.
En 2013, j’ai publié mon 1er ouvrage « Yaqout », le premier bébé de ma passion, ma première joie, je l’ai présenté aux lecteurs via des cérémonies de signatures, des émissions radio et des événements culturels. Mon deuxième ouvrage « Kheit El Jouhar » récemment publié est une nouvelle expérience d’écriture avec des techniques et des thématiques différentes.
Écrire du Zajal c’est aimer la Darija, pouvoir en faire sortir de la beauté et la conserver comme patrimoine immatériel via le livre.
L’écriture pour moi est un refuge, un point de rencontre avec moi-même.
Que pensez-vous de la situation de la femme au Maroc ?
Un peu avant, on culpabilisait la femme d’avoir accouché une fille, il y avait des femmes qui culpabilisaient des femmes, seulement, parce que la nature qui lui ont confié la fonction d’assurer la reproduction.
À côté d’avoir été une source d’humiliation, le jugement de mépris lui a été attribué culturellement par rapport à son corps, à son éducation, à sa scolarisation, ses relations, aux fonctions qu’elle peut occuper, à son salaire, et à sa contribution dans la vie conjugale à l’intérieur et à l´extérieur du foyer.
Certes, la femme Marocaine d’aujourd’hui a pu relever le défi et a su réussir plusieurs paris, mais le cercle est toujours serré, et la vitesse de la remise en cause et la correction de l’héritage social injuste n´est pas suffisante.
La responsabilité du changement est mutuelle, d’une part c’est l’éducation que donne la maman consciente à ses enfants filles et fils supposée caractériser un déchirement avec le passé, et d´autre part ce sont les efforts des parties concernées supposés présenter de l’égalité et de l’équité par rapport au sujet de l’approche du genre, Etat et société civile.
Votre avis sur le site ?
Votre initiative est très appréciée, ça permet à plusieurs voix d’être entendues via vos articles, le site favorise un échange d’expériences et de positions de femmes de différents horizons, je vous souhaite une bonne continuation.
Dernier mot ?
La situation de la femme est plus qu´un statut socio-professionnel, c’est une crise de valeurs. C’est pour cela et devant l’absence d’une garantie que l’Autre fera ce qu’il faut pour que ça changera demain, les femmes doivent anticiper aujourd’hui et se donner elle-même l’estime et la confiance qu’il faut et arracher le droit de vivre dignement.
Enfin, le parcours présenté dans cet article n’est pas un parcours exemplaire ou parfait, pourtant j’espère que vous y trouverez quelque chose qui pourra vous inspirer.
Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Mars 2022
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