Nadalette La Fonta Six est une femme active, avec une brillante carrière dans le marketing et la communication en entreprises, et des engagements associatifs auprès de réseaux féminins, sur les sujets de la parité, de la diversité et de l’inclusion et des missions pour des ONG, notamment en Inde.
Nadalette La Fonta Six est l’illustration de la femme à qui tout réussit : jolie femme, brillante, succès professionnels et position enviée dans le marketing, beau salaire, mère de trois filles superbes… Et du genre à tout régenter, le job, le mari, les vacances, les fêtes à la maison… Un brin autoritaire et avec ses exigences. Mais elle a une méchante scoliose qui s’accentue. Va falloir passer sur le billard.
Au réveil, le cataclysme. Elle a subi 9 heures d’opération, plus 4 heures pour tenter – en vain – de rattraper le malheureux coup de bistouri dans la moelle épinière : ouverte de la nuque jusqu’aux reins, deux tiges de titane glissées dans sa colonne pour la redresser. Elle gagne 6 centimètres mais elle perd sa vie.
En 184 pages, l’auteur trempe sa plume dans l’humour noir. Car, oui, on est effaré et on rit, on se projette avec facilité en elle, cette wonderwoman à qui on ne la fait pas, on visualise tout, la chambre, le personnel soignant, la salle de rééducation pour ré-apprendre à son cerveau la verticalité, les membres morts, le « trip » hallucinatoire à la kétamine pour « lisser les douleurs neuropathiques », et le mari, la famille qui n’en peut plus, les souvenirs heureux… Surtout, l’insupportable dépendance.
Le style est sec, complice mais impitoyable, précis, adjectifs justes, pas d’adverbe. Et drôlatique.
Trois ans plus tard, Nadalette quitte le fauteuil roulant, puis le déambulateur, arrive à marcher avec une canne et un accompagnant. Mais son cerveau a exclu ses jambes qui ne sentent plus le sol. Résultat : seule, elle perd l’équilibre au bout de trois pas. Elle met tous ses espoirs dans la plasticité naturelle du cerveau « qui se crée d’autres circuits » : « Mon rêve ? Aller prendre un café toute seule à côté de chez moi. » Nul doute, un de ces quatre, elle va y arriver.