Saphia Azzeddine
Saphia Azzeddine, qui est née au Maroc et a grandi à Ferney-Voltaire, est une romancière franco-marocaine. Elle est également scénariste, actrice et réalisatrice.
« Confidences à Allah », son premier roman (Éditions Léo Scheer, 2008), dont l’adaptation théâtrale a triomphé au festival d’Avignon et à Paris, l’a d’emblée imposée comme une des voix les plus singulières de sa génération.
Son film « Mon père est femme de ménage », tiré de son propre roman éponyme, reçoit le prix du public Europe 1 lors du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez en 2011.
En 2016, « Bilqiss » reçoit le Prix Littéraire des Lycéens et Apprentis de Bourgogne à Dijon.
Résumé de tous ses livres
Combien veux-tu m’épouser ?
Une île privée des Seychelles. Tatiana, « bécasse sentimentale », rencontre Philip, un garçon bien de sa personne ; ils sont beaux, elle est riche, ils s’aiment et décident de se marier. Leur histoire a tout du conte de fées, oui… mais celui-ci est écrit par Saphia Azzeddine, experte en démolitions.
Des plages de sable fin aux coulisses du mariage, de Los Angeles à Paris, et de la meilleure copine à la femme de ménage, chaque personnage prend la parole, comme un chœur de pleureuses, et décrit ce couple en chemin vers l’autel.
Sur la scène mondaine, les acteurs de cet univers d’ultra-riches et d’égoïstes liftés s’affrontent et s’esquivent dans une satire sociale aussi drôle que cruelle.
Mon père est femme de ménage
« Mon père a refermé la bouche en mâchant dans le vide, il s’est redressé et a regardé sa montre. On était vendredi, je n’avais pas école le lendemain. Donc je pouvais l’aider. Embarrassé à l’idée de m’imposer sa vie, il trouve toujours un moyen d’alléger le truc. Là, il a dit :
— Bon alors mon Polo, tu viendé ou pas ce soir ?
Une petite faute de français rigolote pour soulager tout ça, un peu d’humour pour camoufler le désastre de la soirée. Une soirée qui est sa vie en fait. J’ai souri, ça détend mon père, et j’ai répondu comme à chaque fois :
— Je viendé, je viendé…
Je l’aime mon père, mais j’ai du mal à l’admirer. Souvent, quand je le regarde, il est à quatre pattes, alors forcément, ça manque un peu de hauteur tout ça… »
Paul, dit Polo, a 13 ans quand commence sa chronique d’une vie impossible, au milieu d’une famille infernale, où seul l’amour d’un père apporte un peu de lumière. Mais aimer quand on ne peut pas respecter est une douleur de plus. Seulement, ce jeune garçon drôle, lucide, que rien n’abat, a découvert une arme : les mots, et il sait désormais qu’on peut s’arracher à la fatalité.
Y arrivera-t-il ? C’est une autre histoire. Celle de ce livre, où, sur un ton virevoltant, marqué par la vivacité, le sens du rythme et de la formule qui ont fait le succès de Confidences à Allah, Saphia Azzeddine donne la parole aux laissés-pour-compte de notre société, et raconte avec une verve irrésistible les drames et les espoirs d’une adolescence.
Confidences à Allah
A qui parler quand on est pauvre, perdue, rejetée de sa famille ? Jbara, petite bergère des montagnes du Maghreb, parle à Allah. Il est, dans un monde qui ne voulait pas d’elle, son seul confident. Elle lui raconte sa vie, la misère, le mépris, son père ignorant et brutal qui la traite en servante, les hommes qui la traitent en objet, la découverte progressive du pouvoir de la beauté, la prostitution, la prison, le désir d’ailleurs : une vie semblable à tant de vies de femmes, aujourd’hui. Monologue fiévreux, porté par une rage irrépressible, que la verve et l’humour rendent encore plus acérée, Confidences à Allah est un témoignage direct, cru, sur l’oppression des femmes, mais aussi, et d’abord, le portrait d’une jeune fille résolue à exister par elle-même, et qui ne se soumettra pas.
Bilqiss
« Vous priez encore Dieu ?
– Bien sûr. Pourquoi ne le ferais-je pas ?
– Eh bien, il me semble qu’Il vous a abandonnée ces derniers temps.
– Allah ne m’a jamais abandonnée, c’est nous qui L’avons semé. »
Bilqiss est l’héroïne de ce roman : c’est une femme indocile dans un pays où il vaut mieux être n’importe quoi d’autre et si possible un volatile. On l’a jugée, on l’a condamnée, on va la lapider. Qui lui lancera la première pierre ? Qui du juge au désir enfoui ou de la reporter américaine aux belles intentions lui ôtera la vie ? Le roman puissant de Saphia Azzeddine est l’histoire d’une femme, frondeuse et libre, qui se réapproprie Allah.
Sa mère
Marie-Adélaïde, née sous X, a la rage au ventre ; elle a un destin, mais ne sait pas encore lequel. Pas celui de caissière à La Miche Dorée. Pas non plus celui de ses rares copines, certaines connues en prison, d’autres camarades de galère et d’errance. Serait-ce celui de nounou des enfants impeccables de la Sublime ? Ou celui de retrouver sa mère coûte que coûte ? Son destin, elle va le chercher avec les moyens dont elle dispose : le culot, la parole qui frappe, l’humour cinglant, l’insoumission à son milieu, la révolte contre toutes les conventions.
C’est une héroïne de notre temps.