Amel DJAIT
– Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Tunisienne. J’ai quarante ans. Je vis et travaille en Tunisie. En sillonnant ce pays de long, en large et de haut en bas, j’ai réappris à le connaître en l’explorant dans ses moindres recoins. Pour une citadine comme moi j’étais loin d’imaginer mes découvertes in vivo. Du coup, j’ai acquis une vision terrienne, si je puis dire, qui me sert dans mon quotidien aujourd’hui.
– Racontez nous un peu votre parcours et votre vie professionnelle.
Je suis diplômée en journalisme, issue de l’Institut supérieur des sciences de l’information (IPSI, promotion 1992). J’aime ce métier que j’ai exercé au sortir de l’Institut avant d’être happée par le tourisme, où j’ai dû me colleter à une autre réalité professionnelle. Les outils acquis pendant mes années de formation m’ont été utiles pour évoluer. Une certaine polyvalence est un atout pour investir d’autres champs, rencontrer du monde, découvrir des pays et d’autres peuples. Communiquer, s’informer, tisser des liens, « vendre un produit touristique, tout cela est un challenge passionnant. Mais le journalisme et l’envie d’écrire ont eu raison de moi. J’aime écrire. Ce métier est fait pour moi. Je le sens ! J’aime marier la réalité et le monde des mots. J’ai repris pleinement le journaliste il y a plus de 15 mois. Je travaille pour un journal électronique Webmanagercenter. Chroniques, portraits, enquête…, voilà mes centres d’intérêts.
J’écris aussi pour des magazines féminins. J’alterne les approches et le style. Ecrire léger, c’est aussi un autre plaisir, même si j’aime approfondir mes sujets, mes enquêtes, mes dossiers.
– Comment est née cette passion pour le journalisme
Comme je le disais, cette passion est née grâce à mon éducation – je lisais beaucoup quand j’étais jeune –, mais aussi il y a un ascendant certainement inconscient lié à l’héritage des « Djaït ». De nombreux érudits et autres lettrés dans l’Histoire de la Tunisie portent le nom familial, même si mon père, par exemple, n’est pas un intellectuel. Il est hôtelier aujourd’hui à la retraite. J’ai envie de pousser l’écriture en m’orientant vers le roman. Cela me tente beaucoup. Il y a tant de choses à raconter !
– Quels sont vos projets d’avenir ?
Je continue l’écriture journalistique. Mais je m’apprête à lancer un site d’information sur les Maisons d’hôtes en Tunisie. J’ai engrangé des données précieuses sur cet autre tourisme. Je crois que la réalité du monde où l’on aime s’immerger dans le pays, côtoyer les gens, les vrais habitants, va s’imposer de plus en plus pour ceux qui veulent voyager. Cette authenticité est recherchée partout. Cela va s’amplifier. La Tunisie doit être au rendez-vous. 32 maisons d’hôtes perlent le pays. La tendance est à la hausse. Je vais raconter et accompagner ce besoin nouveau.
J’ai récemment lancé une société de contenu éditorial, un domaine qui a de l’avenir. Nous sommes dans la bataille des contenus. Avec la multiplication des supports, on ne sait où de donner du contenu sur le Net. C’est le créneau à occuper comme une sentinelle de la circulation des idées.
– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?
Education, formation, professionnalisme. Partout les chiffres indiquent la féminisation des métiers et la présence de plus en active des femmes. Les femmes savent qu’il y a aussi des retards à corriger des perceptions à changer. Les hommes sont conservateurs, mais je suis pour la complémentarité et pas la compétition malsaine. Personne ne doit prendre la revanche sur l’autre. Et vice versa. Une leçon à retenir et ne jamais oublier.
– Que pensez-vous de la situation de la femme en Tunisie ?
Les avancées sont considérables ! Tous les domaines d’activités sont investies. Les femmes, plus pragmatiques, ne sont plus inhibées. Elles performent. Il y a cependant un découplage entre des femmes faisant partie des élites et celles d’en-bas. Ces dernières doivent être aidées, soutenues, encouragées, conscientisées, au bon sens du terme, pour un meilleur décollage général.
– Votre avis sur le site ?
Un site qui montre que le Maroc nouveau est en plein essor. Le Maroc évolue, change, et ses femmes aussi !
– Dernier mot
Mon souhait est de créer un véritable networking des femmes du Maghreb. Un besoin vital pour cette région
Entretien réalisa par : Aziz HARCHA
Février 2013