Dès son jeune âge, elle peint
Loubna BELLAMINE est née à Fès. Elle l‘a quittée avec sa famille à l’âge de cinq ans pour Casablanca. En dépit de leur différence su culturelle les deux villes seront les deux confluents de son inspiration alliant tradition et modernité.
Dès son jeune âge, elle peint. Le pinceau est sa plume, les couleurs ses sources de lumières. Ce que saisit son regard, est non seulement perception d’un personnage, d’un paysage ou d’un événement, mais une émotion, un lien, une histoire, qu‘une vue rapide et superficielle ne peut percevoir et encore moins apprécier. Il faut pour cela la sensibilité d’un artiste qui y écoutera mille muezzins à Fès en appel simultané à la prière, un archer faire vibrer son violon au port de Casablanca et l’indulgence d’un maître qui reconnait en son disciple un virtuose en puissance. Il faut pour cela l’humilité de l’homme, n’importe quel homme qui aime une œuvre d’art, fut elle à ses prémices, pour découvrir, sentir et apprécier, ce qui peut paraître simple. Les choses les plus simples ne sont- elles pas ce qu’il y a de plus difficile à réaliser? La beauté n’est-elle pas dans un rabab, dans une petite barque de pêcheur traditionnel à Essaouira, dans le bleu inclassable du ciel au Sahara, dans la grisaille des toits de Fès, une cité ancestrale à qui le moyen âge tire encore sa révérence pour susciter un intérêt artistique et culturel renouvelé ?
Ses études en Arts plastiques et communication, ne sont qu’un prétexte, un passage obligé, un rite initiatique. Elle attendra presque la quarantaine pour frissonner de nouveau à la fièvre des ombres et des lumières. Elle fréquentera galeries et expositions, se projettera sur mille et une toiles, mais en son for intérieur quelque chose de différent, d‘anticonformiste la fait bouger, autrement. Elle feint de dissimuler des affects en fulgurance, par les détours conformistes de son air douillet, son entregent et ses manières de fille bien élevée. Mais ce que son verbe ne peut dire expressément, son geste le déploiera en jets, coloris, formes et symboles, pour le plaisir de l’œil et le réconfort de l’âme croyante. Il y a en effet chez elle une spiritualité, qui par-delà la foi est une consécration de son prochain dans ce qu’il a de plus humain, de plus simple et de plus beau. Son prochain c’est aussi elle, sa foi en elle-même et en son art. « Le tableau n’est pas le sujet, mais la manière de le voir autrement » dit-elle.
Loubna Bellamine a participé récemment à la 2ème édition de l’exposition collective « Les mains qui voient », initiée par l’Association « Création et Communication » au Forum de la Culture de Casablanca (ex. Cathédrale Sacré Cœur). Rêverie et délicatesse qualifient ses œuvres, qui dégagent une personnalité artistique en passe de s’affirmer. Lecture.
L’artiste peintre Loubna Bellamine aime le bleu, elle en fait des étalages substantiels dans ses œuvres, des œuvres mi-figuratives mi-abstraites. Pas seulement le bleu qui reste une expression psychologique d’une grande délicatesse, mais aussi les couleurs chaudes tels le rouge et ses dégradés.
Bellamine affectionne la mise en scène des paysages qu’elle peint. C’est pour elle une forme d’évasion, un exutoire. Rêveuse à juste titre, l’artiste aime voguer dans les mystères de la nature, travaillant de près la perspective atmosphérique. Sa sensibilité l’emmène vers des horizons synchroniques où elle s’attarde à magnifier les tons, à épier la touche qui exalte, à saisir des formes imaginaires, comme quelqu’un qui se crée son propre monde, loin de toute tentation subversive.
Son paysagisme fleure une fraîcheur aspectée. Bellamine ne lésine pas sur la recherche des formes allant de l’expressionnisme figuratif au cubisme lequel est intellectualisé et mis en filigrane.