Samira Khamlichi
Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter, nous raconter votre parcours et vos activités
Samira Khamlichi, je suis née à Fés et j’ai grandi à Rabat, entourée par une famille aimante où les valeurs amour, respect et partage étaient de rigueur. Nous sommes une fratrie de trois enfants et j’en suis l’ainée. Je m’identifie toujours à Rabat où j’ai passé de très bons moments même si cela fait plus de 30 ans que je vis à Casablanca.
Après mon baccalauréat, j’ai opté pour poursuivre des études en Economie et Gestion en France même si plus jeune je me voyais vétérinaire ou architecte. Le destin en a fait autrement et ce n’est pas plus mal. Ce même destin m’a comme même fait un petit clin d’œil puisque aujourd’hui ma fille est architecte urbaniste et je suis très fière de la jeune femme qu’elle est et de ce qu’elle fait.
2- Et votre vie professionnelle
Après ma formation en Economie et Gestion et une spécialisation en Finances, j’ai obtenu un DESS Banque Finances à l’université d’Aix Marseille III. La Finance est ainsi venue à moi et je suis venue à elle.
En rentrant au Maroc, je me suis tout naturellement orientée vers le secteur bancaire pour mon 1erjob et je n’ai plus quitté le secteur de la Banque. La chance que j’ai eu est que l’on m’a permis d’y exercer plusieurs métiers et j’ai pu ainsi avoir un parcours plutôt diversifié et enrichissant.
J’ai commencé par les métiers de la banque pour bien les comprendre à savoir faire du commercial, gérer une agence bancaire, … et ensuite j’ai découvert les Ressources Humaines, le Marketing, la Communication, …et j’ai fini en tant que PDG d’un grand organisme financier, filiale du 1er groupe bancaire de la place.
3- Et pourquoi ce secteur d’activité ?
Et pourquoi pas ? Quel que soit le secteur, le seul secret est le travail, la ténacité, la rigueur et l’engagement. En tant que femme, il faut faire ses preuves tout le temps et encore plus que les collègues hommes. C’est d’autant plus vrai quand on intervient dans un monde plutôt « masculin », même si nous voyons de plus en plus de changements dans les mentalités. J’ai eu à redoubler d’efforts en continue mais j’ai très souvent réussi à montrer que j’étais là et à faire entendre ma voix.
4– Quels sont vos projets à venir ?
Je m’engage beaucoup dans l’associatif et notamment dans l’éducation des enfants et la promotion de la Femme marocaine.
Je suis actuellement Vice –Présidente de l’association AL JISR qui participe fortement à la promotion de l’école publique par l’accompagnement des jeunes élèves.
Je suis également membre fondatrice de We4She, une association qui promeut l’évolution de la femme au sein des entreprises et leur autonomisation.
Et enfin, je suis la Présidente du club des femmes administrateur d’entreprise Maroc dont la finalité est de promouvoir et de développer l’accès des femmes aux postes d’administrateurs d’entreprises au Maroc.
Les nouvelles générations auront beaucoup de challenges à relever et pour cela, elles doivent être au diapason en matière d’éducation et de développement pour porter notre pays et lui donner la place mondiale qu’il mérite. Nous vivons des changements mondiaux profonds et nos enfants doivent avoir les fondamentaux nécessaires pour réussir. Nous devons tous y contribuer en jouant un rôle certain en tant que société civile.
5- Quels sont les moments ou événements qui ont changé votre vie ?
Je pense que la perte accidentelle de ma sœur avec toute sa petite famille a été la situation la plus dramatique que j’ai eu à vivre et qui m’a donné une grande leçon de vie: la vie est trop courte, il faut vivre l’instant présent sans se préoccuper de demain.
Par la suite, il a eu ce que nous avons vécu tous en 2020 et là encore, beaucoup de choses ont changé et ce n’est pas fini. Nous avons réappris à vivre en famille et à partager des moments simples et en même temps tellement profonds. Je me suis beaucoup reconnectée avec la nature et les plaisirs simples de la vie tout en reconsidérant mes priorités.
6– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?
Je pense que les femmes gagneraient à oser toucher à différents métiers, et à continuellement apprendre en appréhendant différentes problématiques au sein de leur organisation. Il faut éviter de tomber dans une sorte d’inertie. Dans ma vie professionnelle, j’ai eu de la chance de faire plusieurs métiers. Dans un sens, aimer ce que l’on fait c’est être curieuse d’apprendre et de toucher à plusieurs métiers. Il faut oser le changement, le challenge et réfléchir « out-of-the-box ».
Le conseil qui me paraît clé est qu’elles doivent croire en elles et en leurs capacités, et d’accepter d’être challengées. Dans tous les métiers, l’Humain est au cœur de tout et plus nous digitalisons et plus on se recentre sur l’humain. Grâce aux qualités indéniables qu’elles ont, les femmes ont donc toutes les chances pour réussir et métamorphoser les choses.
7- Votre avis sur la situation de la femme au Maroc
La femme marocaine a toujours joué un rôle important dans notre société et dans l’histoire de notre pays et cela, il ne faut pas l’oublier. Nous nous devons de perpétuer cette participation de la femme marocaine dans toutes les sphères de la société car qui n’avance pas recule et ce n’est pas acceptable. C’est un sujet qui doit être porté autant par les femmes elles-mêmes que par les hommes.
Nous sommes tous concernés par le rôle de la femme dans la société et par sa place dans les sphères publiques et privées de la société. Maintenant, je dirais que les femmes doivent comprendre qu’elles doivent être les actrices du changement et faire preuve de solidarité entre elles pour faire avancer les mentalités.
La femme marocaine doit croire en ses rêves et en ses capacités et oser dépasser les croyances limitantes.
8– Votre avis sur le site ?
Une jolie initiative qui mériterait d’être plus connue.
9– Dernier mot ?
Il n’y a jamais de dernier mot et s’il devait en avoir un ça serait « soyez heureux ».
Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Décembre 2023