Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?
C’est toujours un peu délicat de parler de soi, mais s’il le faut…
Je m’appelle Mouna Bennani. Le Maroc est mon pays d’origine. La France est mon second pays, celui où je vis avec ma petite famille et où je travaille. J’occupe un poste dans la fonction publique territoriale. Comme tous les Franco-Marocains, j’ai donc la chance d’avoir la double culture marocaine et française.
Ça, j’y tiens beaucoup.
Enfin, pour être complète, je préside l’Association Asli que j’ai fondée il y a quelques années et dans laquelle je m’investis sans compter.
Mes activités associatives comptent beaucoup pour moi. J’y consacre tout mon temps libre ! Elles me permettent de satisfaire mon besoin de liberté d’entreprendre, de connaissance, d’échanges et de partage d’expériences… Tout ça dans l’effort et la bonne humeur… Très important, la bonne humeur, pour moi ! C’est ma source d’énergie. Je pense que j’ai toujours été joyeuse, parfois même dans les moments difficiles. C’est ce qui permet de résister.
Racontez-nous un peu votre parcours
Je crois que je peux résumer mon parcours en trois grandes étapes.
D’abord, une enfance et une adolescence sans soucis. Je suis née dans une famille à la fois attachée aux valeurs traditionnelles et ouverte à la modernité. Mes parents avaient fait le choix d’inscrire leurs enfants dans les écoles françaises qui étaient les meilleures à l’époque. Ils voulaient qu’on fasse de belles études…
J’ai entamé la 2ème grande étape de mon parcours, celle où je me suis vouée corps et âme à ma petite famille, mes enfants… Nous avions aussi très vite décidé d’aller nous installer en France, il a fallu s’adapter à la nouvelle vie, s’occuper des enfants, se battre sur tous les fronts.
Au final, on s’en est plutôt bien sorti. Nos deux filles construisent aujourd’hui leur propre vie. Nous avons, mon mari et moi, chacun son travail et beaucoup plus de temps à nous.
J’ai donc décidé de réaliser un vieux rêve, celui de créer une Association qui contribuerait à rapprocher davantage ces deux pays qui me sont si chers, le Maroc et la France. L’Association Asli.
C’est mon défi actuel. C’est la 3ème grande étape de ma vie. Celle de mon engagement associatif. J’ai une liste longue comme ça de projets pour mettre en valeur tout ce qui pourrait servir de trait d’union entre mes deux pays, le Maroc et la France…
Parlez-nous plus d’Asli ?
Asli, en arabe, veut dire: mes origines. L’Association était initialement centrée sur la valorisation des produits naturels et du terroir. Et, à partir de là, la valorisation du patrimoine culturel.
L’un des objectifs était de s’inscrire dans une démarche citoyenne, d’encourager les coopératives et de contribuer à la promotion des femmes, leur savoir-faire, leur talent, leur rôle…
Mais, de façon plus globale, comme je vous l’ai dit, Asli s’est donné pour ambition de mettre en valeur ce qui rapproche les deux pays, le Maroc et la France.
Dans cet objectif précis, Asli s’assigne pour mission de favoriser le vivre ensemble éco responsable, la diversité, la tolérance, le partage… C’est pourquoi les conférences qu’Asli organise, visent à promouvoir la transition écologique et solidaire pour un développement durable.
Les actions que nous menons portent donc essentiellement sur trois thématiques.
Pas spécialement dans cet ordre, mais il y a le développement durable et tout ce qui y a trait: environnement, transition écologique, biodiversité, économie circulaire, numérique…
Il y a le vivre ensemble, avec à chaque fois que cela est possible, la mise à contribution de décideurs politiques, opérateur économiques, ou acteurs associatifs, culturels…
Et puis, j’y reviens, il y a la cause des femmes. Aussi bien au niveau des droits économiques, comme l’appui à l’autonomie financière, à l’auto-entreprenariat, qu’au niveau des droits humains. Entre autre, la lutte contre toute discrimination, contre la violence, l’exploitation sexuelle…
Quels sont les moments ou événements qui ont changé votre vie ?
Il y a les moments qui nous marquent et ceux qui changent notre vie.
Pour ceux qui ont changé ma vie, je ne pense pas avoir grand-chose à ajouter à ce que j’ai déjà dit. Mon mariage a été un tournant. Notre installation en France en a été un autre. La création de l’Association…
Mais si je devais citer les événements qui m’ont marquée, on y sera encore demain !
Il y a les événements familiaux, les événements politiques dans le deux pays qui m’importent. Et puis il y a les événements internationaux qui ne marquent pas que moi…
Enfin, ce nous aura tous marqués depuis plus d’un an maintenant, c’est cette maudite pandémie. Celle-là, on peut dire qu’elle nous a marqués et changé notre vie en même temps… Mais c’est un fait général. Ça ne concerne pas que moi…
Quels sont vos projets à venir ?
J’en ai tellement, dans le cadre des activités d’Asli ! Mais il faut qu’on en finisse d’abord avec cette satanée crise sanitaire !
Ras-le-bol des visioconférences !
On devait organiser une tournée au Sahara, à Laâyoune et Dakhla et une conférence qui devait réunir des responsables de collectivités territoriales français et marocains. Mais avec Covid, tout a été stoppé net.
Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?
Il faut croire en soi et ne pas se dévaloriser. Il faut impérativement se faire confiance. Mais il faut aussi se donner les moyens de réaliser ses objectifs. Il faut donc du travail, beaucoup de travail, de la rigueur. Rien n’est jamais facile. Mais le sérieux et la persévérance paient. Ça finit toujours par payer !
Ne jamais perdre espoir ! Il n’y a pas d’échec, que des expériences ! Les erreurs sont toujours formatrices. Il faut toujours chercher à tirer le meilleur, même du négatif.
Que pensez-vous de la situation de la femme au Maroc ?
Je pense en toute honnêteté que l’image qui est collée à la femme marocaine, à partir de l’étranger, est biaisée. Je m’explique: beaucoup trop de personnes se font encore une représentation archaïque de la femme marocaine.
La réalité est que la femme occupe une place extrêmement importante au Maroc, tant dans les familles que dans les entreprises. Les ingénieures sont nombreuses, les avocates également, les cadres, les médecins, etc… Petite anecdote. Lors d’une réunion que nous avions eue l’année dernière avec des chefs exécutifs, au siège d’Attijawirafa Bank à Casablanca, on a posé la question de savoir quelle était la place des femmes au sein du département concerné. Nous ne savions pas que les femmes y étaient majoritaires. Nos interlocuteurs ont ri en déclarant «qu’il fallait plutôt chercher où étaient les hommes». L’identique a pu être constaté au sein de la fondation MASCIR (Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Research) où la place de la femme est plus que prédominante.
Le saviez-vous, l’Unesco relève dans son dernier rapport sur la science publié le 11 février 2021 que le Maroc, à l’instar d’autres pays arabes, compte un pourcentage important de femmes diplômées en ingénierie (42,2 %), alors qu’il est très faible dans le monde, y compris dans les pays de l’OCDE, avec des taux qui n’atteignent pas les 28 % (20 % aux USA, 26 % en France, 14 % au Japon).
De manière générale, la vision des étrangers n’est absolument pas la réalité.
Au sein des familles, la femme est érigée en pilier. Un pilier indispensable à l’équilibre familial et social.
La situation de la femme marocaine a beaucoup évolué, au cours des dernières années.
Votre avis sur le site ?
Franchement, c’est super de voir autant de femmes Marocaines avec autant de profils différents et intéressants. C’est magnifique. Et ça corrige cette image biaisée dont je parlais. Bravo !
Le plus enthousiasmant c’est que l’initiative vient d’un homme.
Merci à vous et encore Bravo !
Dernier mot ?
Je poursuis sur ma lancée. Longue vie à ce site !
A tous les hommes, prenez exemple, lisez et partagez le contenu de http://www.lamarocaine.com/. Vous n’en serez que plus fiers de vos mères, vos sœurs, vos femmes, vos filles… Celles qui transmettent, qui partagent, qui soutiennent, qui aident, qui valorisent. Ces femmes pleines de courage, impressionnantes tant par leur réussite que par leur prestance.
Et puisque nous parlons de femmes, petite pensée à toutes celles qui apportent discrètement leur pierre à l’édifice.
Pensée également à ma défunte mère, à toutes les femmes de ma famille.
A mes filles, je vous fais héritières de ce combat.
Et pour finir, au Maroc auquel je suis si attachée !
Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Mai 2021