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Gisèle Rabesahala

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Gisèle RabesahalaGisèle Rabesahala nait le 7 mai 1929 à Madagascar, d’une famille originaire du district d’Antananarivo Avaradrano. L’île est alors une colonie française, depuis 1896 et l’arrestation de la dernière reine Ranavalona III. Fille d’un sous-officier de l’armée française, Gisèle partage son enfance entre la France, la Tunisie et l’actuel Mali. A la mort de son père, en 1942, sa famille s’implante à nouveau à Madagascar. Gisèle envisage d’abord de devenir religieuse, puis avocate : « je rêvais d’être avocate, parce que je pensais qu’un avocat doit se consacrer à la défense des innocents », témoignera-t-elle par la suite dans son autobiographie Que vienne la Liberté.

Consciente de l’importance de l’instruction et pour poursuivre ses rêves, Gisèle s’implique sérieusement dans ses études. Elle obtient son brevet d’études élémentaires à l’actuel J.J Rabearivelo, et poursuit avec une formation professionnelle de sténodactylographe. Patriote et sensibilisée aux souffrances causées par la domination coloniale, avec le travail forcé et la mobilisation de soldats pendant les deux guerres mondiales, Gisèle s’engage à l’âge de 17 ans comme secrétaire du Mouvement démocratique pour la rénovation malgache (MDRM), qui milite pour la libération du pays. Cette même année 1946, plusieurs intellectuels malgaches sont élus aux élections législatives françaises. A l’Assemblée nationale, ils transmettent la volonté d’indépendance du peuple malgache.


Les réquisitions et les abus de la Seconde Guerre mondiale, en particulier, ont soulevé un vent de révolte sur l’île. Le 29 mars 1947, des milliers d’insurgés prennent les armes et attaquent de nuit les maisons de colons français mais également de Malgaches travaillent pour l’administration. Des milliers de personnes sont capturés et massacrés. La répression menée par l’armée française est terrible, touchant les civils comme les insurgés jusqu’en 1948. Les chiffres sont largement discutés, mais la répression de l’insurrection malgache fait des dizaines de milliers de morts. Les autorités coloniales fixent officiellement le bilan à 11 342 morts en 1950, quand des analystes malgaches et étrangers parlent de 100 000 à 200 000 morts. Le MDRM, qui a pourtant rapidement désavoué l’insurrection et condamné les meurtres, est dissout et ses chefs sont arrêtés.

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En 1950, Gisèle Rabesahala crée le Comité de solidarité de Madagascar ou Fifanampiana Malagasy, pour soutenir les victimes de la répression et les prisonniers politiques et leurs familles. Militant pour l’acquittement des condamnés à travers notamment des articles de presse, elle s’attire l’attention et la surveillance des autorités coloniales mais ne cesse de lutter. Ses actions et ses prises de position la font connaître comme femme politique d’importance, malgré sa jeunesse. En 1953, à 33 ans, elle est la première femme à se faire élire conseillère municipale. En 1955, Gisèle co-fonde le journal d’opinion Imongo Vaovao, journal militant de tendance communiste ; elle fera partie de son comité éditorial jusqu’à sa mort.


En 1958, Gisèle Rabesahala devient secrétaire générale du Parti du congrès pour l’indépendance de Madagascar (AKFM) nouvellement créé, devenant également par là la première femme cheffe de parti politique. Deux ans plus tard, Madagascar accède à l’indépendance. La première république malgache reste cependant très liée à la France par des accords de coopération et le président Tsiranana est vivement critiqué pour son soutien aux intérêts français ; l’armée française est encore présente sur place. Membre de l’opposition, Gisèle continue à militer pour une vraie indépendance et pour la fin des inégalités sociales. En 1976, l’armée française est finalement expulsée de l’île, les ambassades et consulats sont fermés. Gisèle est nommée ministre de la Culture et de l’Art Révolutionnaire en 1977 et travaille, pendant 14 ans, à promouvoir l’identité, la langue, la culture et le patrimoine malgaches. Elle crée une bibliothèque nationale, restaure des sites historiques, soutient les artistes malgaches et le patrimoine immatériel. Elle occupe également les fonctions de députée (élue en 1977) et de sénatrice (2001).

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Gisèle Rabesahala meurt en 2011.

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