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TAZI HIND

Avocate au Barreau de Tanger, Docteur en droit privé. Enseignante de droit de sociétés

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Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?

Mme TAZI HIND. Avocate au Barreau de Tanger, Docteur en droit privé. Enseignante de droit de sociétés à titre de vacataire à la Faculté de droit de Tanger. Mariée et mère de trois enfants.

Je suis native de Rabat, bien que mes origines soit de Fès. Après avoir décroché mon baccalauréat à Rabat en 1993, je me suis inscrite à la faculté de droit de Rabat Agdal, paracerque mon père, paix à son âme, était avocat et voulait absolument que je reprenne son bureau, chose qui ne m’inspirait pas du tout sur le coup. Mais suite à un revirement de situation, et après avoir été acceptée sur dossier, je suis partie terminer mes études à l’étranger, des études de gestion et administration des entreprises (licenciatura en direccion y administracion de empresas) à Barcelone, précisément. Des études que j’alternais avec des stages et des jobs étudiants.

Je suis rentrée Au Maroc en 2000, et j’ai quitté mon Rabat natale pour Tanger la ou je réside actuellement .

J’ai commencé à travailler dans un cabinet d’expertise comptable en 2003, et en voyant les problèmes juridiques qui se posaient au niveau des sociétés, de la rédaction des contrats, et autres problèmes purement juridiques, je commençais sérieusement à ressentir ce besoin d’intégrer le volet juridique à ma formation plutôt technique.

Mais selon la réforme universitaire en vigueur, il était nécessaire de s’inscrire avec un baccalauréat ne dépassant pas cinq ans, alors que le mien avait un peu plus.

Je me décide donc à repasser le baccalauréat en candidate libre en 2007, je le réussi avec mention , et deux mois après en septembre 2007 je m’inscris en première année licence en droit.

Ce fût le début de ma carrière de juriste, que j’avais fui quelques années auparavant. Je décroche ma licence en droit privé en 2010, mention très bien, puis je m’inscris en master droit des affaires et j’obtiens mon DESA en 2012 avec mention très bien et majeure de promotion. Cette même année je décide de passer le concours pour l’obtention du certificat d’aptitude à l’exercice de la profession d’avocat, et suis acceptée comme avocat exerçant au barreau de Tanger et commence ma carrière professionnelle comme telle. En 2014 je m’inscris en cycle doctorale auprès de la faculté de droit de Tanger, et en novembre 2020 j’obtiens le titre de Docteur en droit privé, avec mention très honorable, après un retard du a la pandémie de la covid 19.

Comment est née ma passion pour le droit ?

Au fait et en vrai, je peux vous dire que ma passion pour le droit m’a accompagné tout au long de ma vie antérieure. Peut-être que j’ai refusé de reconnaître ce penchant pendant des années, mais tout le monde remarquait en moi cet esprit un peu « justicier ». Les situations d’inégalités et d’injustices me révoltaient beaucoup depuis mon plus jeune âge. Ce fût peut-être le poids morale pour une lycéenne de 18 ans de lui demander de faire des études de droit pour reprendre le bureau d’avocat de son père, qui avait su prendre le devant sur la véritable vocation de juriste, mais je crois que le temps a remis les choses à leurs places. Et je considère que ma relation avec le droit et une relation mûre et réfléchie, pas imposée.

Quels sont les événements qui ont changé ma vie?

En premier, la mort de mon père qui a été pour moi un fait assez marquant. C’était un homme qui a toujours cru en mes capacités, lorsque bien des gens ne faisaient que me décourager. Il me disait toujours que j’aurais été une bonne avocate. Peut-être j’ai voulu lui exaucer ses vœux, même s’il n’est plus là pour me voir.

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En deuxième lieu je dirais que refaire des études au Maroc, dans une université marocaine en côtoyant de jeunes étudiants marocains et africains, m’a donné une vision plus globale sur la transformation de la société marocaine et surtout de la pensée et mentalité.

A partir de là, j’ai essayé de créer des événements positifs non pas pour changer ma vie, puisque les expériences que j’ai vécu ont forgé ma personnalité et ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mais plutôt changer les choses qui peuvent se révéler négatives dans ma vie.

Quels sont mes projets à venir?

Je crois que beaucoup de projets se bousculent dans ma tête, rien de précis actuellement ci ce n’est le développement de ma carrière professionnelle, en tant qu’avocate, également en tant que chercheur et enseignante de droit même à titre auxiliaire. Puisque je conçois que le partage de connaissance les multiplie contrairement au partage de bien matériel qui les divise. en partageant le savoir, je construis davantage mon intellect juridique, pour essayer de faire évoluer le droit marocain et spécialement le droit des sociétés et droit financier. D’ailleurs ma thèse de doctorat a eu comme problématique principale la financiarisation du droit au Maroc, analysée à travers la figure juridique du contrat, et j’ai eu l’honneur d’être la première personne et la première femme à présenter une thèse doctorale à ce propos au Maroc.

Aussi je pense sérieusement, et nous sommes dans une époque d’élections, que je dois me forger une carrière politique, puisque

J’ai un champs d’action que je développe à travers ma profession , celui de réinstaurer la confiance entre les citoyens et la justice. Il faut accepter et convaincre les marocains que nous sommes sur la bonne voie. Avec beaucoup de difficultés, beaucoup de problèmes aussi , mais avec un esprit entrepreneur et optimiste que tout un chacun doit construire et développer à partir de soi-même. Nous avons une obligation envers notre pays.

Quel est mon conseil pour les femmes qui veulent réussir?

De ne jamais se laisser frustrer par la négativité des personnes qui leur diront toujours, malheureusement tant de phrases déplacées que j’ai écouté, personnellement beaucoup de fois!
Leur dire qu’elle peuvent relever tous les défis. La satisfaction que je ressens aujourd’hui quand je regarde en arrière et vois tout le chemin que j’ai du faire, tantôt en marchant, tantôt en courant, en tombant bien des fois mais en me relevant sans relâche, avec beaucoup de sacrifices a valu la peine. Il faut persévérer !

Que pensez vous de la situation de la femme marocaine ?

La femme marocaine est maintenant un modèle à en tirer exemple. Elle fait preuve de ténacité, de compétence, et surtout est dotée de beaucoup de bon sens pour faire la part des choses, et surmonter les clichés et préjugés qui entravent son rayonnement.

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Chaque marocaine, depuis la petite ouvrière dans l’usine jusqu’à la femme ayant une profession libérale, ou cadre haut placée, a derrière elle une histoire qui la rend spéciale. Elle n’essaye plus seulement de bien faire les choses, mais d’exceller en les faisant. Beaucoup d’exemples émergent dans notre pays, et a l’international ce qui ne peut qu’honorer encore plus les efforts de la femme marocaine.

Votre avis sur le site

Je vous remercie premièrement l’intérêt que vous avez porté à dévoiler des portraits de femmes toutes aussi superbes l’une que l’autre. Et cela fait plaisir de voir qu’à travers votre site la femme marocaine sort un peu plus de l’ombre et pourquoi pas, gagne en popularité. Donc je ne peux que vous encourager à aller plus loin, et vous souhaite beaucoup de succès, puisque votre initiative de dédier un magazine à LA MAROCAINE est, croyez moi, louable.

Un dernier mot

Un grand merci à vous pour cette interview, et comme dernier mot je répéterai ce qu’avait dit ROSA PARKS:  » Il faut vivre sa vie en essayant d’en faire un modèle pour les autres ».

Et je le dédie à toutes les marocaines sans exception qui font la fierté de ce pays.

 

Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Aout 2021

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