Soumaya Naamane Guessous
Soumaya Naamane Guessous est une sociologue et militante féministe marocaine. Elle est connue pour son livre portant sur la sexualité des femmes marocaines intitulé Au-delà de toute pudeur: la sexualité féminine au Maroc publié en 1988.
Elle a effectué une thèse à l’université Paris-VIII et enseigne à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Ben M’Sik de l’Université Hassan II de Casablanca. Ses thèmes de recherche concernent les droits des femmes, les droits de la famille, la sexualité féminine et la condition sociale des mères célibataires.
En 2001, elle lance une campagne pour qu’une femme marocaine puisse transmettre la nationalité aux enfants issus d’un mariage mixte. Elle dénonce dans la presse les problèmes engendrés par cette situation.
Le 8 mars 2007, le code marocain de nationalité est modifié en ce sens. Elle écrit régulièrement des éditos et des essais dans des magazines féminins, ses éditos sont également publiés dans la revue espagnole M’Sur. Elle est mariée à Chakib Guessous, docteur et anthropologue.
Ses distinctions
1996 : Médaille du Mérite culturel, par l’Institut luso-arabe pour la coopération,
2005 : nommée chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur par l’ambassadeur de France au Maroc
2009 : nommée commandeur de l’ordre du Ouissam alaouite
Ses Publications
Au-delà de toute pudeur : la sexualité féminine au Maroc, Casablanca: Eddif, 10th edition., 1997
L’auteur maître assistante à la faculté des sciences humaines à Casablanca a mené une enquête de fond sur la sexualité féminine. Elle a suivi pas à pas, à force de patientes questions, l’existence de femmes habituées au secret …
Printemps et automne sexuels : puberté, ménopause, andropause au Maroc, 2000
Nul ne peut nier l’existence d’une éducation sexuelle. Négative, elle s’exprime par des interdits : interdiction de se toucher, de poser des questions sur l’évolution de son corps. Négation, refus du corps, qui se reflètent dans le langage des adultes, comme si l’on craignait de stimuler les pulsions sexuelles des adolescents en reconnaissant les nouvelles fonctions de leur corps. Eviter de parler du corps, c’est en renier la fonction sexuelle, pour une meilleure maîtrise de ses pulsions. Attitude qui enfonce les adolescents dans une ignorance et des préjugés ne pouvant en aucun cas les aider à assumer leur puberté. La puberté, dans la société marocaine, permet de saisir l’importance du poids de la culture sur les comportements des jeunes. Le processus de la ménopause, comme celui de la puberté, n’échappe pas à l’emprise de la tradition et les comportements qui en résultent découlent du conditionnement social, héritage d’un long passé où le corps féminin est tantôt sublimé, tantôt réduit à l’état de souillure. La manière avec laquelle est vécue la ménopause dépend aussi de la façon dont les femmes perçoivent leur féminité : si la féminité est déterminée par la procréation, les femmes, désormais stériles, vivent leur ménopause comme une castration. Asexuées, amputées de leur pouvoir de séduction, elles font le deuil de leur sexualité. Les hommes, eux, évoluent dans une société qui leur apprend que plus un homme prend de l’âge, plus sa puissance sexuelle augmente. La médecine parle d’andropause, les hommes la réfutent. Le culte de la virilité perdure.
Grossesses de la honte Avec Chakib Guessous,: étude sur les filles-mères et leurs enfants au Maroc 2011:
Cet ouvrage, unique étude éditée au Maroc sur la détresse des filles mères et de leurs enfants, repose sur une enquête minutieuse sur le terrain et sur des témoignages poignants de jeunes filles, ayant enfanté hors du mariage. Jeunes filles abusées, victimes de leur naïveté et de leur ignorance. Considérées comme des parias, elles sont cruellement condamnées par la société au nom de la religion. L’islam est-il aussi intolérant à leur égard ? L’intolérance est justifiée par latteinte à lhonneur. A quel honneur peut prétendre un père qui chasse sa fille en détresse, la livrant aux menaces de la rue et de la prostitution ? La législation et son application sont sévères vis-à-vis des filles mères et de leurs enfants et souvent complaisantes vis-à-vis des hommes, partenaires sexuels et pères biologiques. Victimes de tout un système, elles ne trouvent de grâce que dans des associations, faisant un travail fabuleux, mais trop peu nombreuses. Cette étude est le fruit de plus de vingt ans d’engagement des deux auteurs dans leur lutte pour la défense des droits des exclus. Elle propose aux lecteurs une analyse approfondie et des recommandations précieuses pour diminuer de l’intensité d’un phénomène social qui affecte les droits de l’être humain.
Nous les femmes, vous les hommes, 2013.
L’auteure nous livre sa vision de l’évolution des relations entre les hommes et les femmes, qu’elle a observée, à la loupe, pendant ces deux dernières décennies. Un travail sur le terrain, avec des témoignages poignants, sur des thèmes souvent inédits, voire tabous : relation amoureuse et sexuelle avant le mariage, virginité, choix du conjoint, nuit de noces, rituels des cérémonies de mariage, relation du couple, séduction, conflits, enfants Des textes engagés, dominés tantôt par l’humour, tantôt par la dérision, pour attirer l’attention et dénoncer des comportements et des paradigmes dénotant de multiples paradoxes, incontournables dans une société qui a subi des évolutions trop rapides. « Nous les femmes, vous les hommes » sera suivi de trois autres ouvrages traitant de sujets tout aussi passionnants.
Les femmes dans le Maroc d’hier et d’aujourd’hui, 2016
Les changements ayant eu le plus grand impact ont été l’exode rural et la sortie des femmes des foyers pour investir les lieux publics, les établissements scolaires et l’emploi rémunéré. La rupture avec l’ancien modèle est donc amorcée. Notre société est en pleine ébullition. Notre société est en pleine ébullition. La tradition et la modernité s’entremêlent, s’affrontent au quotidien, dans une bataille parfois violente : la résistance des anciens et des conservateurs à la modernité et aux changements et le rejet des jeunes et des progressistes de traditions qui ne correspondent plus à leur mode de vie et de pensées. Après « Nous les femmes, vous les hommes », cet ouvrage est le deuxième tome des chroniques de Soumaya Naamane Guessous. Il sera suivi de deux autres ouvrages traitant de sujets tout aussi passionnants.